
Stella Morabito, déléguée générale de l’AFNUM (l’Alliance Française des Industries du Numérique), nous éclaire sur le poids économique du secteur de l’audio / vidéo et nous précise la vision de l’Alliance quant à la modernisation de la plateforme TNT.
SIM. – Pouvez-vous nous présenter l’AFNUM ?
Stella MORABITO. – L’Alliance Française des Industries du Numérique représente en France les secteurs et les fabricants qui constituent le socle de l’économie numérique : l’électronique grand public, l’informatique, les équipements de réseaux télécoms, les systèmes d’impression, la photographie grand public et professionnelle et les objets connectés. Ensemble, nos adhérents génèrent en France un chiffre d’affaires annuel cumulé de 26 milliards d’euros et emploient plus de 100 000 salariés, avec des emplois directs, indirects et induits.
Dans le secteur audiovisuel, nos membres sont les principaux fabricants de téléviseurs et de terminaux connectés, ainsi que les principaux fabricants de matériels de réception et de distribution des signaux de télévision dans les logements individuels et collectifs.
En 2020 que pesait économiquement parlant le secteur de l’audio / vidéo ?
Selon GfK, il s’est vendu l’an dernier environ 5 millions de téléviseurs. Les Français continuent à investir dans des téléviseurs avec des tailles d’écran en augmentation constante, en moyenne 45 pouces aujourd’hui. Mais surtout, ils achètent en grande majorité des téléviseurs 4K en ultra haute définition (UHD), qui représentent désormais plus de deux tiers des ventes annuelles sur le marché français. Depuis leur introduction en 2013, il s’est vendu en France plus de 10 millions de postes UHD et nous estimons que pour les Jeux Olympiques de Paris en 2024 les deux tiers des Français seront équipés de téléviseurs en ultra-haute définition. Les téléspectateurs auront donc envie de profiter de la qualité d’image et de son inégalés de leurs postes grâce à un contenu adapté, notamment via la télévision numérique terrestre.
Que pensez-vous de la modernisation de la plateforme TNT ?
La crise sanitaire a bien montré que le public français restait très attaché à la plateforme de diffusion terrestre. Il est donc crucial que la TNT continue de se moderniser pour rester compétitive face aux autres moyens de diffusion.
L’élément central de cette modernisation passe par la diffusion des programmes en ultra haute définition qui apporte non seulement une résolution d’image quatre fois supérieure à celle de la HD (4K), mais aussi une amélioration du contraste, une augmentation de l’espace colorimétrique et de la fréquence de balayage et un son spatialisé pour une véritable immersion au cœur de l’image. Les téléviseurs sont prêts, les programmes en UHD sont de plus en plus disponibles, il faut maintenant que les réseaux de diffusion suivent.
Plus largement, la modernisation de la TNT devra également permettre aux téléspectateurs d’avoir accès à des services interactifs tels que le retour au début de l’émission, le replay et, plus généralement, la consommation non-linéaire, comme cela est déjà le cas depuis plusieurs années chez nos voisins européens.
Qu’attendez-vous du CSA, des Parlementaires et du Gouvernement en la matière ?
Nous attendons surtout un calendrier clair de déploiement de l’UHD sur la TNT, qui permette aux industriels d’anticiper l’arrivée des nouveaux services, ainsi que des indications précises sur les spécifications techniques qui seront retenues pour le profil français de la TNT UHD.
Concernant les services interactifs en HbbTV, l’important c’est de maintenir une TNT qui soit fiable et de qualité. Pour cela, il faudrait faciliter la mise en place d’une plateforme de testsdes applications interactives en amont de leur diffusion. On a déjà vu par le passé des exemples d’applications HbbTV qui rendaient les téléviseurs totalement inopérants à cause de défauts de conception et nous souhaitons à tout prix éviter qu’une telle situation ne se reproduise. Cette plateforme doit être le résultat d’un travail de collaboration en bonne intelligence entre éditeurs et fabricants et sa mise en place nous parait cruciale pour réussir le lancement de nouveaux services interactifs. C’est l’approche qui a été adoptée dans les pays qui ont beaucoup développé la télévision interactive via HbbTV, comme l’Angleterre et l’Allemagne. A contrario, une approche légale contraignante qui imposerait aux constructeurs d’intégrer telle ou telle version spécifique de HbbTV dans leurs terminaux ne résoudrait pas les nombreuses questions techniques et opérationnelles qui restent à régler avec ce type de services, dont certains sont encore au stade expérimental.
Comment imaginez-vous la suite ?
Nous nous réjouissons que la nouvelle loi audiovisuelle vienne enfin faciliter le lancement de services UHD sur la TNT. La suite logique à présent, ce doit être un calendrier précis de lancement de ces services. Il y a évidemment en ligne de vue les JO de Paris 2024 et, même avant, la Coupe du Monde de Rugby en 2023 qui se déroulera en France. Une action concertée de tous les acteurs de la chaine audiovisuelle – éditeurs, diffuseurs, opérateurs, constructeurs et régulateurs – permettra, nous en sommes persuadés, de faire du lancement de l’UHD sur la TNT une grande réussite collective.