L’ISE 2025 mettra en avant une révolution majeure de l’industrie audiovisuelle : le passage des systèmes AV traditionnels aux infrastructures IP, une transition qui transforme les pratiques, compétences et rôles, notamment pour les intégrateurs.
À l’heure où les besoins d’interopérabilité et de centralisation s’intensifient, l’ISE 2025 se présente comme la plateforme idéale pour explorer les solutions associant technologies audiovisuelles et informatiques. Conférences, tables rondes et démonstrations pratiques y mettront en avant les protocoles, outils et stratégies nécessaires pour répondre aux attentes des utilisateurs.
La migration vers l’IP répond à une demande claire : concevoir des systèmes flexibles, économiquement viables et faciles à gérer. Diadié Traoré, responsable des ventes ProAV chez Netgear, souligne ainsi l’importance de cette transformation : « L’IP devient le langage universel qui permet aux appareils de différentes marques et technologies de communiquer sans effort. Cela simplifie l’exploitation des systèmes et ouvre des perspectives inédites pour les intégrateurs. » Ces propos, ainsi que ceux des autres experts cités dans cet article, sont issus d’une table ronde organisée en novembre dernier par Videlio et Samsung, intitulée « De l’AV traditionnel à l’IP : une évolution inévitable ». Si elle bouleverse les approches techniques, cette évolution ouvre également la voie à de nouvelles exigences, qu’il s’agisse de la cybersécurité ou de la formation des acteurs de la filière.
Le métier d’intégrateur en pleine mutation
La transition vers l’IP transforme en profondeur le rôle des intégrateurs, appelés à devenir des acteurs stratégiques dans des projets de plus en plus complexes. Pour David Sarlabous, directeur général de Videlio, en charge du développement, la convergence des réseaux IP ne se limite pas à une adaptation technique, elle redéfinit l’écosystème complet de l’audiovisuel. « Cette transformation touche non seulement le transport des signaux, mais également les interactions avec les clients, les processus décisionnels et les structures organisationnelles », explique-t-il. Traditionnellement axés sur la mise en œuvre de systèmes AV autonomes, les intégrateurs doivent désormais maîtriser les outils et standards issus du monde informatique. La connaissance des protocoles comme le SMPTE 2110 ou le Dante, ainsi que des pratiques de cybersécurité, est désormais indispensable pour garantir la fiabilité des infrastructures connectées.
Trois experts partagent leur éclairage sur les enjeux et les opportunités de cette mutation. De gauche à droite : Diadié Traoré, responsable des ventes ProAV chez Netgear, Jérôme Durand, architecte de solutions techniques chez Cisco et David Sarlabous, directeur général de Videlio, en charge du développement. Photos : DR
Cette hybridation des compétences implique aussi une capacité à collaborer avec les équipes IT, qui prennent une place centrale dans les décisions technologiques. « Cette convergence oblige à repenser les projets dès leur conception en intégrant les enjeux des deux mondes, AV et IT », souligne David Sarlabous. Dans ce contexte, les intégrateurs ne sont plus de simples exécutants techniques. Ils jouent un rôle consultatif majeur, conseillant sur les choix d’équipements, les architectures réseau et les enjeux organisationnels. Cette posture exige une compréhension fine des besoins des utilisateurs finaux et une vision stratégique pour intégrer les systèmes au cœur des infrastructures des bâtiments intelligents
Cybersécurité et formation
Avec l’interconnexion grandissante des systèmes, la cybersécurité est devenue un enjeu majeur. Les réseaux IP, bien que plus flexibles, augmentent également les risques de vulnérabilités. Pour les intégrateurs, il est essentiel de sécuriser les protocoles, d’adopter des pratiques de maintenance rigoureuses et, surtout, de segmenter les réseaux. « Segmenter les réseaux est impératif pour limiter la propagation latérale des menaces, alerte Jérôme Durand, architecte de solutions techniques chez Cisco. Il faut éviter qu’une vulnérabilité dans un système audio-vidéo puisse se propager à d’autres parties critiques du réseau, comme l’éclairage ou les systèmes informatiques ».
Par ailleurs, la montée en compétences est incontournable. Pour rester compétitifs, les intégrateurs doivent investir dans la formation continue de leurs équipes et attirer de nouveaux talents issus des domaines IT ou de reconversions professionnelles. « La formation est essentielle pour surmonter les divergences de points de vue entre les mondes de l’IT et de l’audiovisuel […] Les intégrateurs doivent être capables de dialoguer avec des experts IT pour assurer une intégration harmonieuse, tout en traduisant ces enjeux techniques en solutions pratiques et compréhensibles pour leurs clients », analyse David Sarlabous.
Une opportunité pour les intégrateurs
Au-delà des obstacles, la transition vers l’IP présente des opportunités stratégiques inédites. Les intégrateurs ont la possibilité de se positionner comme des acteurs essentiels dans cette révolution, en valorisant les services et l’expertise plutôt qu’en se limitant à la fourniture d’équipements. Cette transformation répond aussi aux attentes des utilisateurs. L’infrastructure IP apporte une flexibilité précieuse, permettant des ajustements rapides pour répondre à des besoins évolutifs. Elle favorise également des solutions plus performantes sur le plan énergétique. En exploitant des technologies comme le PoE (alimentation par Ethernet) ou en optimisant le câblage, par exemple, les intégrateurs contribuent à réduire l’impact environnemental des infrastructures tout en améliorant leur efficacité. « L’IP change la donne, mais elle nécessite une vision stratégique, » insiste Diadié Traoré. « Répétons-le, pour réussir, il faut une collaboration étroite entre tous les acteurs, IT, audiovisuels et intégrateurs, dès les premières étapes des projets. »
ISE 2025 s’impose comme une occasion privilégiée pour explorer les défis et opportunités liés à la migration de l’AV vers l’IP. En mettant en lumière cette transition majeure, le salon confirme son rôle de précurseur et d’accélérateur pour une industrie en profonde mutation.
