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La technologie de l’encre électronique passe à la couleur sur des dalles plus grandes : une évolution majeure pour l’affichage dynamique à usages multiples, qu’ils soient publicitaires ou informatifs, dans l’entreprise, le commerce et, pourquoi pas, dans les halls d’immeubles.
Conçue au Media Lab du MIT (Massachusetts, USA) en 1997 par deux étudiants, J.D. Albert et Barrett Comiskey, épaulés par leur professeur Joseph Jacobson, la technologie de l’encre électronique – des pigments chargés positivement ou négativement, contenus dans des billes remplies de fluide transparent et orientés par des électrodes selon le principe de l’électrophorèse – et son application surfacique, appelée ePaper, ont connu la notoriété avec l’apparition sur le marché des premières liseuses en noir et blanc.
Industrialisée par E’Ink Corporation, associée à Prime View International, fabricant taïwanais d’écrans TFT LCD, l’EPD (pour Electronic Paper Display) a progressivement été adapté à de nombreux domaines d’application, tout en prenant des couleurs. Les fabricants d’écrans exploitent désormais ce filon pour produire des afficheurs de toutes tailles : petits pour l’étiquetage dynamique dans les magasins, moyens pour les liseuses, mais aussi certains smartphones, et maintenant bien plus grands avec les dalles dédiées à l’affichage dynamique publicitaire ou informatif.
Les raisons du succès
Le principe d’affichage de l’eInk / ePaper est particulièrement séduisant à plusieurs égards. La consommation d’énergie électrique est très réduite et n’intervient qu’au moment des changements de phase, donc de contenus. Ce mode d’affichage convient parfaitement aux usages statiques, comme sur une liseuse qui ne s’active qu’au changement de page du fichier-livre, ou sur des panneaux d’information de gare, d’aéroport ou de promotion publicitaire dont les mises à jour sont programmées ou commandées.
L’absence de rétroéclairage est aussi un atout, car la lisibilité de la surface est naturelle, comme sur du papier, même dans une ambiance à forte luminosité. En couleurs, les performances restent éloignées de l’OLED et de ses équivalents, mais on atteint un bon niveau de contraste, une résolution suffisamment fine et des angles de vision assez larges pour une lecture confortable. Cependant, le résultat en vidéo, même sur tablette ou smartphone, reste décevant. L’appellation « affichage dynamique » ne doit donc pas laisser croire que le tableau ePaper est idéal pour diffuser des vidéos.
En couleurs
Le passage à la couleur a permis à l’ePaper de dépasser ses fonctions initiales, comme les étiquettes ou les panneaux de salle de réunion. La technologie évolue rapidement : Gallery 3 de E’Ink réduit le temps de rafraîchissement à 750/1000 ms pour la couleur standard et 1500 ms pour un rendu optimal, tout en atteignant une densité de 300 ppi. En 2023, Spectra 6 a repoussé ces limites avec la technologie ACeP (Advanced Color ePaper), proposant une palette de 60 000 couleurs, un contraste de 30:1 et un angle de vision proche de 180°. L’affichage y compris artistique est directement concerné par ces performances.
Selon E’Ink, 100 000 écrans ePaper utilisés 5 ans, avec 20 mises à jour par heure sur 20 heures/jour, réduiraient de 500 000 tonnes les émissions de CO2 par rapport aux LCD. Comparé à l’affichage papier jeté après usage, le gain atteint 21 millions de tonnes, un atout pour les démarches écologiques et responsables.